Le bibliologue

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En bref

 

Le Bibliologue est une approche ludique d’un texte biblique où la Bible et l’expérience humaine entrent en dialogue. L’objectif de cette méthode est d’acquérir une attitude envers le texte et envers le groupe qui permette aux participants de se glisser dans des rôles de personnages du texte et à s’impliquer eux-mêmes. Cette méthode s’inspire d’une ancienne pratique juive d’interprétation de la Bible, le midrash. En découvrant des espaces dans le texte et en y laissant résonner nos propres représentations, pensées et émotions, cela donne de nouveaux éclairages.

 

Le bibliologue est né du constat que les institutions religieuses et les prêtres/pasteurs/rabbins ont confisqué la Source qu’est la Parole de Dieu, et ont réduit, par des dogmes, la complexité des histoires bibliques. Il part de la conviction que chacun a quelque chose à dire, et convie ainsi à un voyage lors duquel nous pouvons entrer en dialogue avec les mots de la Bible. Trouver ensemble les significations possibles d’un texte, laisser le texte rejoindre nos vies, devenir acteur de sa spiritualité et de sa foi : voilà les enjeux du bibliologue.

 

C’est Peter Pitzele, professeur de littérature à Harvard, qui a créé le bibliologue (dialogue avec la Bible) dans les années 90, en associant ses connaissances en littérature avec les méthodes d’improvisation du psychodrame. Par le biais du Midrash (méthode rabbinique qui invite le lecteur/auditeur à associer son vécu au texte biblique), il a élaboré une façon de s’emparer des textes bibliques qui permette aux participants d’être partie prenante de ce que la Bible veut nous dire.

En savoir plus

Il n’existe pas de site français présentant le bibliologue, mais vous pouvez trouver davantage d’infomations sur le site allemand du bibliologue ou sur le site suisse qui comporte une page en français.

Témoignages

Un vécu propre à chacun

 

Chacun va vivre un bibliologue à sa façon, selon son expérience précédente avec la Bible.

Dans mon groupe habituel, vient un monsieur déjà âgé, qui a passé quelques années dans une communauté jésuite. La Bible, il la connaît mieux que moi. Sa culture est gigantesque. Et là, à plus de 80 ans, à la fin d’une soirée, il dit au groupe : « c’est la première fois de ma vie que je peux (enfin !!!) entrer dans les textes bibliques pour les vivre. » Expérience émouvante, tant pour lui que pour nous. Nous avions « vécu » ce que cela signifie « être Marthe dans ses tâches ménagères », « être Marie aux pieds de Jésus »… Il a pu faire, existentiellement parlant, le lien entre la méditation et l’action, et peut-être trouver le sens de sa propre incarnation.

Un autre soir, nous avons vécu un bibliologue sur Matthieu 8, 23-27 (La tempête apaisée). Mon dernier personnage était la tempête. « Tempête, cet homme s’est levé, il t’a menacée, et tu t’es aussitôt calmée. Qu’est-ce que tu dis de cette expérience ? » Une participante : « je suis fille, petite-fille, arrière-petite-fille, etc, de tempêtes. Nous avons toujours fait notre propre loi. Et là, quelque chose de plus grand a été plus fort que notre volonté de tempête. C’est inouï, et tellement bon de vivre cet apaisement ». Je fais écho : « je suis la descendante de tout une lignée de tempêtes invincibles. Cette nuit, j’ai trouvé mon maître. C’est une expérience bienfaisante. »

J’aime beaucoup faire un autre bibliologue : Nombres 6, 22-27, la bénédiction aaronite. Je l’ai fait dans mon groupe, mais aussi à la fin des stages de formation, comme un couronnement. La troisième question que je pose est la suivante : (v 25) « Dans la Bible, il a de nombreuses personnes qui ont vécu une histoire particulière avec Dieu, une grâce particulière. Tu es une personne de la Bible. Qui es-tu ? Et qu’est-ce que la grâce de Dieu a accompli pour toi ? » Deux interventions m’ont particulièrement marquée. La première : « je suis la femme adultère. J’ai pu vivre le pardon du Christ qui m’a relevée et remise en route. » La deuxième : « je suis le larron en croix. J’ai vécu que rien n’est jamais trop tard, et qu’une porte peut toujours s’ouvrir. »

 

Laurence Hahn, animatrice et formatrice de bibliologue

 

Pratiquer le bibliologue avec différents publics

 

Le bibliologue permet de faire l’expérience que les textes bibliques ne sont pas réservés à des savants, à des théologiens professionnels, mais à toute personne qui a envie de s’en emparer. Mon expérience du bibliologue recouvre un public varié et parfois surprenant.

Les enfants, d’abord, qui adorent jouer à être l’un ou l’autre personnage, et qui font preuve de beaucoup d’imagination dans les rôles qu’on leur propose.

J’ai fait l’expérience du bibliologue avec des enfants handicapés mentaux, et c’était l’une des expériences les plus fortes : j’avais pris la parabole du roi qui organise un festin pour le mariage de son fils (Mt 22, 1-14). Ces enfants sont familiers de la fête, des invitations ; ils sont capables aussi d’exprimer leurs sentiments lorsqu’ils sont le roi qui constate que les invités ne veulent pas venir…

J’ai eu la chance de pouvoir entrer dans une maison d’arrêt et de vivre un bibliologue avec des détenus. L’histoire de Jonas au fond du ventre du poisson a été l’occasion pour eux de s’interroger sur l’enfermement et la présence de Dieu même au fond d’un poisson.

Un bibliologue avec des mal-voyants et des non-voyants m’a permis de constater que faire surgir des images pour des personnes dont les yeux sont déficients est possible.

J’ai constaté dans ma pratique que l’utilisation des figurines bibliques est d’une grande aide pour des personnes qui débutent. Les groupes de participants ne sont pas homogènes, et il m’est arrivé d’avoir l’une ou l’autre personne âgée, atteinte d’un début de maladie d’Alzheimer. Il s’avère que j’avais pris le texte de la femme courbée (Luc 13, 10-17) et que j’avais donné la figurine adéquate dans la main des intervenants. Elle a été un grand facilitateur de parole.

Les groupes ne sont pas homogènes, d’un point de vue de l’âge non plus. Mais ce n’est pas un obstacle : j’ai vu des jeunes participer sans aucun problème dans des groupes où ils côtoyaient des adultes. Comme les questions posées relèvent des domaines de la motivation, des émotions, des premières idées qui traversent l’esprit, et non sur les connaissances, la différence d’âge n’est au fond pas très importante.

 

Laurence Hahn, animatrice et formatrice de bibliologue

Se former au bibliologue

 

La pratique du bibliologue nécessite une formation de 4 jours. Elle peut s’organiser sur 5 jours d’affilée, avec la possibilité de se garder des temps de respiration, ou sur deux week-ends à 15 jours d’intervalle. Un formateur ou une formatrice seul.e peut assurer la formation d’un groupe de 6 personnes maximum. Au-delà, un deuxième formateur est nécessaire. Il s’agit d’une formation diplômante, qui donne tous les outils pour devenir animateur ou animatrice de bibliologue. Le coût de cette formation varie selon les modalités d’organisation.

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